AUDIOROOM - Seismograph

1. A toy in the head 03:27 2. Organic day 03:03 3. Ripple mark 02:46 4. Platform 05:53 5. Shishashadow 02:27 6. Break in the weather 03:55 7. Moment 01:38 8. Cosmogony 05:01 9. L'érosion des contours 06:18 10. Vertical ground 03:21 11. Mineral substance 04:19 12. Strange attractor 02:53 13. Coincidence 04:00

DMUTE

Quelque part entre la musique d'une usine automatisée et l'ambient de Brian Eno, il y a Seismograph : un album sorti sans grand bruit fin 2004 et qui vaut pourtant largement le détour. Un disque "machinique" et rêveur à la fois, « humain » comme le dit très justement le site d'Arbouse recordings, sur lequel l'album est sorti.
Derrière Audioroom se cache en fait un seul musicien, Nicolas Bernaud, diplômé des beaux-arts d'Aix et versé dans l'art numérique. Comme son nom le suggère, Audioroom développe des espaces sonores, que l'on imagine aisément chorégraphiés ou mis en images. Seismograph déroule sous les yeux de l'auditeur un véritable paysage mental, une musique évocatrice, aux sonorités fortement réminiscentes du label Warp.
Les instruments semblent s'y répondre plutôt que jouer ensemble, comme si la musique n'était pas leur vocation première, d'où l'impression d'espace qui se dégage du tout. On pense alors à certaines scènes du « Dancer in the Dark »de Lars Von Trier, quand le son des machines se fait musique, par la grâce de l'imagination. L'émotion peut naître à partir de n'importe quel son et Seismograph semble vouloir le démontrer.
Les rythmiques y sont répétitives et minimalistes. On reconnaît bien les sonorités familières de quelques instruments « réels », mais celles-ci restent en général très synthétiques : cordes métalliques, piano mécanique ou pizzicati de violon dézingué. Le tout dessine un univers machinique, dans lequel on n'entend qu'une voix, sur le cinquième titre, plutôt robotique.
Sur ce fond abrupt, des divagations plus feutrées viennent se greffer. Ces parties pleines de bleeps montent plus volontiers dans les aigus et leur sonorités sont aussi plus liquides. Leur grâce et leur délicatesse rappellent volontiers celle d'Ezekiel façon Handle with care. Comme ce disque, Seismograph développe ainsi une esthétique du contraste, mais tout en fluidité et en mélodies.
La tonalité s'y fait parfois sombre et profonde (L'érosion des contours), sans jamais virer au glauque. Des ritournelles sont là pour détendre l'atmosphère, simples comme des jeux d'enfants. Toy in the head, le premier morceau de l'album, en est une bonne illustration.
Quelle que soit leur humeur, les morceaux de Seismograph ont la particularité de se terminer abruptement. Comme si les machines s'étaient enrayées, que les batteries étaient à plat, ou que quelqu'un avait soudainement coupé le courant. On sort alors de la rêverie sans s'être ennuyé un seul instant, car cet ambient n'est jamais soporifique. Un disque idéal pour s'enfoncer dans un fauteuil et contempler son appartement d'un autre œil.

Chroniqué par Pierre-Olivier Pin

somewherecold

Sometimes I think that we at Somewhere Cold are the luckiest people in the music world. It seems that great, small labels come to us to write about their music. Well, Arbouse Recordings is no different. Along with Asthmatic Kitty, Words on Music and Clairecords, this is becoming one of my favorite labels with the two releases I have been sent. The first of those releases is by a band called Audioroom. Hailing from France, Audioroom is a minimalist, electronic group that uses build in their music masterfully. The palate with which they construct their songs is large, consisting primarily of bleeps, clicks, whirls and keys. Though many of their instruments are cold and non-organic, on Seismograph, Audioroom is able to communicate emotion and a sense of personality that seems very organic.
“A Toy in the Head” begins with light strings and with soft blips and whirls in the background. What Audioroom does best is really represented in this first track and continues through the entirety of their disk: make a song build. It is apparent from the first track that this band wishes to lead their listener through a cavalcade of sounds by mounting them one on top of the other through slow and brilliant execution. “Toy” evokes playfulness and sincerity amidst its non-organic tones. “Organic Day” starts off with a loud noise, not unlike a car starting and floats off into another universe. Here, the percussive sounds play a prominent role while piano plays softly in the background. The tension is beautiful. I think that, even though the sounds are definitely electronic in nature, the organic mood of the piece, evoked by the piano, really makes sense of the track’s name. Perhaps, some sort of melancholy mishap has happened to the writer of this song, with its minor chords and soft mood. “Ripple Mark” begins with synthetic bass, blips and clicks. What is amazing about this band is that they are able to take what seem to be random noises and really use them to evoke a feeling in the song, hence, making them not so random. The subtleness of this tracks has an almost eastern feel to it. This is a short piece that has perfect timing and ends at that perfect time, making the listener want more.
“Platform” has layered keyboards that have a sort of Depeche Mode feel ala Music for the Masses era. The melody of this song is very catchy and is laced with touches of sampled voice and small variations in the key sounds and melody. By the end of the track, things become complexly layered and then, in the bridge, all the keys drop out and leave the bleeps and clicks to give the listener a break. The melody from the keys re-enters the song slowly building once again. If anything, I would describe this song as beautiful, peaceful and a concrete example of Audioroom‘s ability to use their building capabilities to bring variety to what would otherwise be a repetitive song. “Shishashadow” begins with deep bass and claps sprinkled with tear drop sounds in the percussion. A back beat eventually comes in with subtle keys moving into the mix. This song has a mysterious tone to it and evokes a sort of “spy” theme, with all its darkness.
“Cosmogony” begins with sounds akin to a child’s play-toy. For me, it recalls innocence and trust. Light percussion is in the mix and it seems to be a overwhelmingly percussive type song. Even though the tones and intricacy of the song do not change much in its progression, Audioroom plays a lot with the speed of the song, really varying tempo while throwing in little elements to change things up a bit. “L’erosion des Contours” is a long song with wide soundscapes. In many ways, this track is a mixture of their most experimental material along with their most mainstream sounding melodies. The mix is gratifying and eclectic. “Mineral Substance” is a bold track with low tones and minor chords. This song also is akin to early Depeche Mode, perhaps due to the synth sounds Audioroom has chose, but also for the tempo and mixture of the sounds. What really makes it unique is the ghost like sounds mixed into the low tones and eventually the back beat that comes into the mix. “Coincidence” has a lumbering cadence that is subtle and distinct. The track really “walks” the reader out of the world of Audioroom and reminds the listener of the journey on which they have been.
Audioroom is subtle, beautiful, and surprisingly organic in spite of the clicks and whirls. The ability of Audioroom to control tempo, build and sound texture is brilliant and amazing.

by Jason

NOVA

Le label arbouse s'impose comme le laboratoire le plus intéressant de l'electronica française. Après le bel album de Arco5, voici celui d'Audioroom, oeuvre aquatique aux mélodies simples, claires, accouplées à de petites perturbations héritées de la musique concrète, mais rien de commun avec l'actuelle propension à fourrer du grincement partout - l'effet Herbert sans doute. Audioroom sait composer de parfaites pièces de musique intrigante, refuse l'aspect obtus et mérite une vive attention !

par Sébastien Broquet

TRAX

Crachin matinal ou rosée de clairière, mélodie au piano ou rythmique élastique, Audioroom compose une electronica intimiste. Dessinée sur papier, enregistrée en studio, la musique se fait ronde et chaleureuse en côtoyant l'ambre de cuivres virtuels, un xylophone intemporel ou une flûte traversière. Composant dans les transparences acoustiques et les frissons électroniques, Audioroom propose un premier album sans fausse note, un petit joyau cérébral et apaisant pour garder longtemps la tête dans les étoiles en compagnie de Fourtet, Kim Hiorthoy, Pierre Bastien et Leila.

par Laurent Guérel

OCTOPUS

Lignes mélodiques posées nonchalamment sur un substrat électronique pétillant, déstructurations rythmiques harmonieuses et atmosphères flottantes, Seismograph, premier album du jeune aixois Audioroom distille les composants essentiels d'une electronica intimiste à la sensibilité vibrante. Entre les sonorités émergentes et volatiles de "Platform" ou de "Break in the weather", les nuances souples des rythmes de "L'érosion des contours" ou la solennité des notes pianotées de "Vertical ground", la dimension émotionnelle demeure palpable, soumise à l'érosion capiteuse de formes sonores finement travaillées.

par Laurent Catala

Arte - Disque de la semaine

Audioroom, premier projet solo et electronica de Nicolas BERNAUD, nous envoie en orbite. Point de repère rassurant au loin : La Terre. Audioroom est bien de notre galaxie. Ex-étudiant aux Beaux-arts d'Aix-en-Provence, Nicolas Bernaud crée des installations qui utilisent la photo et la vidéo et tournent principalement autour de la notion d'accident, comme "générateur de possibles". Sa production plastique n'est, dans l'esprit pas très éloignée de ses expérimentations musicales qui laissent une grande place aux interférences, bizarreries technologiques ou objets sonores non identifiés, mais aussi aux voix, aux mélodies spatiales et aux notes de musiques terriennes. Les treize morceaux qui composent "Seismograph" sont comme autant de planètes, connues ou inconnues. Dans la voie lactée d'Audioroom, il y a du jazz martien (le cinématographique "Shishashadow"), un menuet écrit sur Pluton ("Minéral Substance") ou encore une berceuse lunaire ("Cosmogony"). Un album que l'on écoutera encore dans 40 ans.

par Emmanuel Dosda

Longueur d'ondes

Plus que par son écorce sonore classique, Audioroom se distingue par la fluidité de ses compositions. Comme on parlait jadis de talents, d'orfèvres pop, on emploiera désormais les mêmes termes pour l'electronica. Ainsi irrigués de sève vivifiante, ces lieux coulent de source, sans tremblement de terre.

par Vincent Michaud

Reflets DNA

Il y'a quelque chose de bien caché sous les petites nappes électroniques de Seismograph, le premier album de Nicolas Bernaud alias Audioroom. Une tension permanente à peine effleurée quand certains sons semblent remonter des profondeurs du corps pour percer quelques instants. Mais tout ça est furtif, presque impalpable, et on reste avec ces treize bouts de verres translucides, treize moments qui parlent de calme après la tempête. Audioroom a produit un mécano sonore qui se révèle lentement, plein de douceur et d'ambiances changeantes, loin de toute source de refroidissement.

par SF

D-SIDE

Plasticien autant que musicien, le méridional Nicolas Bernaud a pour les instants fugaces qu'il compose sur "Seismograph" un vrai regard de peintre, de pointilliste même, qui aborde chaque titre comme une succession de couleurs et de textures qui ne vibrent que parce qu'elles sont mises en rapport. Limpide et mélancolique, son electronica pourrait être simpliste, à l'image des sonorités cheap qu'elle utilise parfois, alors qu'elle est au contraire magique, et que l'on ne retrouve ici pratiquement aucune des routines qui, déjà, font perdre une bonne part de spontanéité à l'electronica. Et lorsqu'il les utilise comme sur "L'érosion des contours", c'est pour mieux les noyer dans un jus coloré sur lequel il s'en vient peindre en motifs adoucis, une mélodie prenante d'intimité. Une exposition (pardon, un disque), que l'on visitera encore pendant longtemps.

par Jean-François Micard

ONDEFIXE

Parfait tremplin entre l'image et le son, Seismograph révèle des sonorités soyeuse et fines qui ramènent la musique de Nicolas Bernaud à quelque chose d'organique et de minéral, de par la fluidité qui ressort de l'ensemble. Seismograph est à lui seul un véritable espace sonore et musical, à la fois étrange et singulier et pour tout dire très séduisant. Foncièrement très diversifié et apportant des tonalités changeantes au fil des morceaux, l'album dégage à la fois chaleur et froideur mais cela sans jamais renoncer à la rondeur des lignes mélodiques qui le composent. Un bel album de musique électronique, complexe et charnel.

par Benoit Richard